Armoiries du cardinal Ángel Fernández Artime
Nous présentons les armoiries de Son Éminence Révérendissime le Cardinal Ángel FERNÁNDEZ ARTIME SdB, Recteur Majeur de la Pieuse Société de Saint François de Sales (Salésiens de Don Bosco).
Tout ecclésiastique nommé cardinal par le pape doit composer des armoiries pour le représenter.
Les armoiries ne sont pas une simple formalité traditionnelle. Elles représentent ce qu’il y a de plus important pour une personne, une famille ou une institution, et permet de l’identifier à travers l’espace et le temps. Elles sont apparues, selon certaines recherches, à l’époque des croisades, lorsque les chevaliers chrétiens les apposaient sur leurs vêtements, les harnachements de leurs chevaux, leurs boucliers et leurs bannières, afin de reconnaître clairement leurs alliés et leurs adversaires. Plus tard, elles se sont diversifiées et ont été transmises aux familles nobles ainsi qu’à l’Église, à tel point qu’une science, l’héraldique, est également apparue, qui s’occupe de leur étude.
Dans l’Église, les armoiries ecclésiastiques ont été normalisées en 1905, par le pape saint Pie X, dans le motu proprio “Inter multiplices cura”. Ainsi, les armoiries ecclésiastiques se composent d’un écu personnel (blason), de nombreux ornements extérieurs qui reprennent les insignes des dignités auxquelles ils se réfèrent (celui du cardinal est un galero rouge à 15 glands rouges), et d’une devise personnelle, généralement en latin, en guise de déclaration de foi. Les éléments des armoiries font référence au nom du titulaire, à ses origines, à son siège et à des symboles religieux qui rappellent des messages théologiques et des valeurs spirituelles ou qui résument des idéaux de vie et des programmes pastoraux.
HERALDIQUE
“D’argent, coiffé de[i] d’azur. Au I à la figure caractéristique de Jésus Bon Pasteur, trouvée dans les Catacombes de Saint Callixte, à Rome, toute naturelle[ii] ; au II au monogramme MA, d’or, timbré[iii] d’une couronne du même ; au III à l’ancre de deux crochets[iv], d’argent, cordée de gueules. L’écu est timbré d’un chapeau[v] avec des cordons et des glands rouges. Les glands, au nombre de trente, sont disposés quinze de chaque côté, en cinq ordres de 1, 2, 3, 4, 5[vi] , Sous l’écu, dans la liste d’argent, la devise en lettres capitales noires : “SUFFICIT TIBI GRATIA MEA”.
EXÉGESE
L’homme médiéval (…) vit dans une “forêt de symboles”. Saint Augustin l’a dit : le monde est fait de “signa” et de “res”, de signes, c’est-à-dire de symboles, et de choses. Les “res” qui sont la vraie réalité restent cachées ; l’homme ne saisit que les signes. Le livre essentiel, la Bible, contient une structure symbolique. A chaque personnage, à chaque événement de l’Ancien Testament correspond un personnage, un événement du Nouveau Testament. L’homme médiéval est constamment en train de “déchiffrer”, ce qui renforce sa dépendance à l’égard des clercs, savants dans le domaine du symbolisme. Le symbolisme préside à l’art et en particulier à l’architecture où l’église est avant tout une structure symbolique. Il prévaut en politique, où le poids des cérémonies symboliques comme le sacre du roi est considérable, où les drapeaux, les armes, les emblèmes, sont d’une importance capitale. Elle règne en littérature, où elle prend souvent la forme de l’allégorie”[vii] .
Les gestes et les symboles renvoient donc à quelque chose de plus profond : à un message, à une valeur, à une idée qui dépasse le signe lui-même.
“Dans la vie humaine, les signes et les symboles occupent une place importante. En tant qu’être à la fois corporel et spirituel, l’homme exprime et perçoit les réalités spirituelles à travers des signes et des symboles matériels. En tant qu’être social, l’homme a besoin de signes et de symboles pour communiquer avec les autres par le langage, les gestes et les actions. Il en va de même dans sa relation avec Dieu”[viii] .
Le savant et célèbre héraldiste Goffredo di Crollalanza, dans Genèse et histoire du langage maçonnique (1876), écrit notamment : “L’héraldique a eu la chevalerie pour auteur, le besoin pour motif, les trophées pour but, les tournois et les croisades pour occasion, le champ de bataille pour berceau, l’armure pour terrain, le dessin pour moyen, le symbole pour auxiliaire, la création pour matière, l’idéologie pour concept, et le blason pour conséquence”. Il ajoute : “Le blason n’est pas l’illustration, tout comme l’esprit n’est pas l’âme, mais la manifestation de l’âme”[ix] .
“L’héraldique est un langage complexe et particulier composé d’une myriade de figures et le blason est une marque destinée à vanter un exploit, un fait important, une action à perpétuer.
Cette science documentaire de l’histoire a d’abord été réservée aux chevaliers et aux participants aux faits d’armes, qu’ils soient guerriers ou sportifs, qui se rendaient reconnaissables par leurs armoiries, apposées sur l’écu, le casque, le drapeau et aussi sur le caparaçon, seul moyen de se distinguer les uns des autres.
L’héraldique des chevaliers a été presque immédiatement imitée par l’Église, même si les corps ecclésiastiques de la période préhéraldique avaient déjà leurs propres signes distinctifs, à tel point que lorsque l’héraldique est apparue au XIIe siècle, ces figures ont pris les couleurs et l’apparence de ce symbolisme.
L’héraldique ecclésiastique est aujourd’hui vivante, actuelle et largement utilisée. Cependant, pour un prélat, l’utilisation d’armoiries doit aujourd’hui être définie comme un symbole, une figure allégorique, une expression graphique, une synthèse et un message de son ministère.
Il faut rappeler que les ecclésiastiques ont toujours été interdits d’exercice de la milice et de port d’armes et que, pour cette raison, le terme d’écu ou d’armure propre à l’héraldique n’aurait pas dû être adopté ; il faut cependant préciser que, jusqu’à une époque récente, les ecclésiastiques utilisaient les armoiries de leur famille, très souvent dépourvues de tout symbolisme religieux.
Le symbolisme même de l’Église romaine est tiré de l’Évangile et représenté par les clés remises par le Christ à l’apôtre Pierre.
L’héraldique ecclésiastique est aujourd’hui vivante, actuelle et largement utilisée. Pour un cardinal, l’utilisation des armoiries doit aujourd’hui être définie comme un symbole, une figure allégorique, une expression graphique, une synthèse et un message de son ministère”[x] .
Dans un premier temps, les armoiries ecclésiastiques présentaient l’écu timbré par la mitre avec les inflorescences flottantes ; au fil du temps, cependant, le chapeau du prélat avec les cordons et les différents ordres de glands ou de nœuds, en nombre différent selon la dignité, tous en vert s‘il s’agit d’évêques, d’archevêques et de patriarches, tous en rouge s’il s’agit de cardinaux de la Sainte Église romaine, a été consolidé au sommet de l’écu.
Nous notons également que l'”Instruction sur les robes, les titres et les armoiries des cardinaux, des évêques et des prélats inférieurs” du 31 mars 1969, signée par le cardinal secrétaire d’État Amleto Cicognani, stipule textuellement à l’article 28 : “Les cardinaux et les évêques ont le droit d’utiliser les armoiries. La configuration de ces armoiries doit être conforme aux normes qui régissent l’héraldique et être d’une simplicité et d’une clarté appropriées. La crosse et la mitre doivent être retirées des armoiries”[xi] .
À l’article 29 ci-dessous, il est précisé que les cardinaux sont autorisés à faire apposer leurs armoiries sur la façade de l’église qui leur est attribuée à titre de titre ou de diaconie.
Les très excellents et révérends évêques portent, en effet, l’écu, attaché à une simple croix astylaire (avec une traverse), dorée, tréflée, placée dans une hampe, avec le chapeau, les cordons et les glands de couleur verte. Les glands, au nombre de douze, sont disposés six de chaque côté, en trois ordres de 1, 2, 3.
Les très excellents et révérends archevêques timbrent l’écu, attaché à une croix astylaire patriarcale d’or, trifoliée, placée en hampe, avec le chapeau, les cordons et les glands de couleur verte. Les arcs, au nombre de vingt, sont disposés à dix de chaque côté, en quatre ordres de 1, 2, 3, 4.
Les très excellents et révérends patriarches timbrent l’écu, attaché à une croix astylaire patriarcale d’or, trifoliée, placée dans une hampe, avec le chapeau, les cordons et les glands de couleur verte. Les arcs, au nombre de trente, sont disposés à quinze de chaque côté, en cinq ordres de 1, 2, 3, 4, 5[xii] .
Les cardinaux les plus éminents et les plus révérends de la Sainte Église romaine frappent l’écu, serré à une croix astylaire patriarcale d’or, trifoliée, placée dans une hampe, avec la calotte, les cordons et les glands de couleur rouge. Les arcs au nombre de trente sont disposés quinze de chaque côté, en cinq ordres de 1, 2, 3, 4, 5.
L’origine et l’utilisation des chapeaux verts pour les patriarches, les archevêques et les évêques proviendraient d’Espagne où, au Moyen Âge, les prélats portaient un chapeau vert. C’est pourquoi les écus des évêques, archevêques et patriarches sont frappés d’un chapeau vert.
En 1245, lors du concile de Lyon, le pape Innocent IV (1243-1254) a accordé aux cardinaux un chapeau rouge, comme insigne spécial d’honneur et de reconnaissance parmi les autres prélats, qu’ils devaient porter lorsqu’ils traversaient la ville. Il l’a prescrit en rouge pour leur recommander d’être toujours prêts à verser leur sang pour défendre la liberté de l’Église et du peuple chrétien. C’est pour cette raison que, depuis le XIIIe siècle, les cardinaux ont apposé sur leur écu un chapeau rouge, orné de cordons et de glands de la même couleur.
Enfin, le très éminent et très révérend cardinal chambellan de la Sainte Église romaine porte l’écu avec le même chapeau que les autres cardinaux, mais estampillé du gonfalon papal, pendant le munere, c’est-à-dire pendant la vacance du siège apostolique. La bannière papale ou l’étendard papal, également appelé basilique, a la forme d’un parapluie avec des grains rouges et jaunes dont les pendentifs sont taillés en vajo et de couleur contrastante, soutenu par un mât en forme de lance avec une halte et traversé par les clés papales, l’une en or et l’autre en argent, décussées, avec les gibbets tournés vers le haut, nouées avec un ruban rouge.
Les mêmes couleurs vertes ou rouges sont également utilisées pour l’encre des sceaux et des armoiries figurant sur les actes, ces dernières étant accompagnées des signes conventionnels prescrits indiquant les émaux.
Le blason – description héraldique – des armoiries du cardinal Ángel FERNÁNDEZ ARTIME SdB ne porte pas l’écu attaché à une croix astylaire en or, placée sur une hampe, parce qu’il n’est pas évêque. Il sera consacré à l’ordre épiscopal l’année prochaine, après avoir cessé d’exercer ses fonctions de Recteur Majeur des Salésiens de Don Bosco, et à ce moment-là, son écu sera attaché à une croix astylaire, placée sur une hampe.
Au cours des siècles, l’Ancien et le Nouveau Testament, la patristique, les légendes des saints et la liturgie ont offert à l’Église les thèmes les plus variés pour ses symboles, destinés à devenir des figures héraldiques.
Ces symboles font presque toujours référence aux tâches pastorales ou apostoliques des instituts ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, ou tendent à indiquer la mission du clergé, à rappeler d’anciennes traditions de culte, le souvenir de saints patrons, de pieuses dévotions locales.
EMAUX
L’une des règles fondamentales de l’héraldique veut que celui qui a moins ait plus, en ce qui concerne la composition des émaux, des figures et des poses de l’écu.
L’armure que nous allons examiner maintenant est composée des métaux or et argent et des couleurs bleu et rouge.
Chercher son blason, donc le vrai, pouvoir le brandir comme une bannière, avec laquelle marquer ses cartes, en comprendre tous les symboles, n’est-ce pas, d’une certaine manière, se chercher soi-même, son image, sa dignité ?
C’est ainsi qu’un acte, qui ne pouvait être lu que de manière formelle, peut au contraire acquérir une signification symbolique et hautement significative.
L’or, l’argent, l’azur et le rouge sont donc les émaux qui figurent dans les armoiries de notre Eminence le Cardinal Ángel FERNÁNDEZ ARTIME SdB. mais quels symboles ces émaux contiennent-ils et dégagent-ils, quels messages transmettent-ils à l’humanité souvent hébétée du XXIe siècle ?
Les “métaux”, l’or et l’argent, représentent et rappellent héraldiquement les anciennes armures des chevaliers qui, selon leur degré de noblesse, étaient en effet dorées ou argentées ; l’or est en outre un symbole de la royauté divine, tandis que l’argent fait allusion à Marie. La “couleur” bleue rappelle la mer que les croisés ont traversée pour se rendre en Terre sainte, tandis que la “couleur” rouge, considérée par de nombreux héraldistes comme la première des couleurs d’armes, représente le sang vivant versé par les croisés.
Si l’on se penche plus précisément sur le symbolisme héraldique des “émaux”, on rappelle que parmi les “métaux”, l’or représente la Foi parmi les vertus, le soleil parmi les planètes, le lion parmi les signes du zodiaque, juillet parmi les mois, le dimanche parmi les jours de la semaine, la topaze parmi les pierres précieuses, l’adolescence à vingt ans parmi les âges de l’homme, le tournesol parmi les fleurs, le sept parmi les nombres et lui-même parmi les métaux ; l’argent représente l’Espérance parmi les vertus, la lune parmi les planètes, le Cancer parmi les signes du zodiaque, le mois de juin parmi les mois, le lundi parmi les jours de la semaine, la perle parmi les pierres précieuses, l’eau parmi les éléments, l’enfance jusqu’à sept ans parmi les âges de l’homme, le flegmatique parmi les tempéraments, le lys parmi les fleurs, le deux parmi les nombres et lui-même parmi les métaux.
Parmi les “couleurs”, le bleu clair symbolise la Justice parmi les vertus, Jupiter parmi les planètes, le Taureau et la Balance parmi les signes du zodiaque, avril et septembre parmi les mois, le mardi parmi les jours de la semaine, le saphir parmi les pierres précieuses, l’air parmi les éléments, l’été parmi les saisons, l’enfance jusqu’à quinze ans parmi les âges de l’homme, le colérique parmi les tempéraments, la rose parmi les fleurs, le six parmi les nombres et l’étain parmi les métaux, tandis que le rouge, la Charité parmi les vertus théologales, Mars parmi les planètes, le Bélier et le Scorpion parmi les signes zodiacaux, mars et octobre parmi les mois, le mercredi parmi les jours de la semaine, le rubis parmi les pierres précieuses, le feu parmi les éléments, l’automne parmi les saisons, l’âge viril jusqu’à cinquante ans parmi les âges de l’homme, le sanguin parmi les tempéraments, l’œillet parmi les fleurs, le trois parmi les nombres et le cuivre parmi les métaux.
Le rouge : “il rappelle aussi l’Orient et les expéditions outre-mer, tout en démontrant la justice, la cruauté et la colère. Ignescunt irae, disait Virgile. Enfin, consacré à Mars par les anciens, il signifie l’intrépidité, le grandiose et les fortes impulsions. Les Espagnols appellent le champ rouge “sangriento”, c’est-à-dire sanglant, car il leur rappelle les batailles qu’ils ont menées contre les Maures. Nous trouvons un nom similaire en Allemagne dans blütige Fahne, vexillum, cruentum, un champ entièrement rouge sans aucune figure, indiquant les droits de royauté, et que l’on retrouve dans les armoiries de la Prusse, de l’Anhalt, etc. Le rouge est, avec le bleu, l’une des deux couleurs les plus utilisées dans les armoiries, mais on le retrouve plus fréquemment dans les armoiries des familles bourguignonnes, normandes, gasconnes, bretonnes, espagnoles, anglaises, italiennes et polonaises. Dans les drapeaux, le rouge représente l’audace et la vaillance, et semble avoir été adopté à l’origine par les adorateurs du feu[xiii] .
Parmi les “couleurs”, le terme “naturel” désigne “une figure reproduite dans sa couleur naturelle (c’est-à-dire telle qu’elle apparaît dans la nature) et non comme un émail héraldique”[xiv] .
Nous tenons à souligner qu’il a également été nécessaire de créer des signes conventionnels pour comprendre et identifier les “émaux” de l’écu lorsque les armoiries sont reproduites dans des sceaux et des gravures en noir et blanc. Ainsi, les héraldistes, au fil du temps, ont utilisé différents systèmes ; par exemple, ils ont écrit dans les différents champs occupés par les émaux, l’initiale de la première lettre correspondant à la couleur de l’émail, ou ils ont identifié les couleurs en inscrivant les sept premières lettres de l’alphabet ou encore, ils ont reproduit, dans les champs de l’émail, les sept premiers nombres cardinaux.
Au XVIIe siècle, l’héraldiste français Vulson de la Colombière proposa des signes conventionnels particuliers pour reconnaître la couleur des émaux des écus reproduits en noir et blanc. L’héraldiste Père Silvestro di Pietrasanta de la Compagnie de Jésus fut le premier à les utiliser dans son ouvrage Tesserae gentilitiae ex legibus fecialium descriptae, diffusant ainsi leur connaissance et leur utilisation.
Ce système de classification, encore utilisé aujourd’hui, identifie le rouge par des lignes perpendiculaires épaisses, le bleu par des horizontales, le vert par des diagonales de gauche à droite, le violet par des diagonales de droite à gauche, et le noir par des horizontales et des verticales croisées, tandis que l’or est en pointillés et l’argent sans hachures.
Pour représenter la couleur “au naturel”, certains héraldistes envisagent d’autres signes conventionnels, mais nous entendons nous rallier à la thèse de l’héraldiste Goffredo di Crollalanza qui, pour la couleur “au naturel”, après avoir rappelé qu’elle peut être placée indifféremment sur le métal et sur la couleur, sans enfreindre la loi du chevauchement des émaux, précise qu’elle s’exprime[xv] dans les dessins en laissant la pièce vierge et en ombrant la figure dans les endroits appropriés.
C’est également l’avis de l’éminent héraldiste, l’archevêque Bruno Bernard Heim, qui, dans les armoiries pontificales des papes Jean XXIII et Jean Paul I qu’il a conçues, dans celles reproduites en noir et blanc, dans la cape patriarcale de Venise, représente le lion de Saint-Marc sans aucun signe conventionnel.
LES CHIFFRES
Jésus, le bon berger
La figure de Jésus, le bon berger, répond à une aspiration profonde de l’homme de l’Antiquité. Les Juifs voyaient en Dieu le vrai berger qui guide son peuple. Moïse, quant à lui, avait été chargé d’être le berger et le guide de son peuple. Les Grecs connaissaient l’image du berger debout dans un grand jardin et portant un mouton sur ses épaules. Le jardin rappelle le paradis.
Les Grecs associent le berger à leur aspiration à un monde pur et non corrompu. Dans de nombreuses cultures, le berger est une figure paternelle, un père attentif à ses enfants, une image de la sollicitude paternelle de Dieu pour l’humanité.
Les premiers chrétiens tirent leur l’inspiration d’Israël et de la Grèce. Jésus est, comme Dieu, le berger qui conduit son peuple à la vie. Les chrétiens de culture hellénistique associent la figure du bon berger à celle d’Orphée, le chanteur divin. Son chant apprivoisait les bêtes féroces et ressuscitait les morts. Orphée est généralement représenté dans un paysage idyllique, entouré de moutons et de lions.
Pour les chrétiens hellénistiques, Orphée est une figure de Jésus. Jésus est le chantre divin qui, par ses paroles, rend paisible ce qui est sauvage et féroce en nous et fait revivre ce qui est mort. Jésus, qui se présente dans l’évangile de Jean comme le bon berger, réalise les images archétypales du salut contenues dans l’âme humaine sous les images du berger. Cette figure, dans le bouclier, précisément en raison de sa signification, est chargée dans la posture principale.
Monogramme de Marie Auxiliatrice
Ce monogramme, MA, frappé d’une couronne, tout en or, symbolise Marie Auxiliatrice, la Madone de Don Bosco. Après le nom de Jésus, il n’y a pas de nom plus doux, plus puissant, plus consolant que celui de Marie ; un nom devant lequel les Anges s’inclinent avec respect, la terre se réjouit, l’enfer tremble.
Saint Jean Bosco confia un jour à l’un de ses premiers salésiens, Don Giovanni Cagliero, grand missionnaire en Amérique latine et futur cardinal, que la “Madone veut que nous l’honorions sous le titre d’Auxiliatrice” : “Notre Dame veut que nous l’honorions sous le titre d’Aide des Chrétiens”, ajoutant que : “Les temps sont si tristes que nous avons besoin de la Sainte Vierge pour nous aider à préserver et à défendre la foi chrétienne”.
Ce titre marial, en vérité, existait déjà depuis le XVIe siècle dans les litanies de Lorette et le pape Pie VII institua la fête de Marie Auxiliatrice en 1814 et la fixa au 24 mai, en signe d’action de grâces pour son retour à Rome, ce jour-là, acclamé par le peuple, après l’exil décrété par Napoléon. Mais c’est grâce à Don Bosco et à la construction du Sanctuaire de Marie Auxiliatrice, à Turin Valdocco – voulue par la Vierge elle-même, qui apparut en vision au Saint, indiquant qu’elle voulait être honorée à l’endroit précis où les premiers martyrs turinois Avventore, Ottavio et Solutore, soldats chrétiens de la Légion thébaine, avaient trouvé la mort – que le titre d’Auxiliatrice est redevenu d’actualité dans l’Église. Don Lemoyne, secrétaire particulier du saint, écrit textuellement dans sa monumentale biographie : “Ce qui apparaît clair et irréfutable, c’est qu’entre Don Bosco et la Madone, il y a certainement eu un pacte. Toute son œuvre gigantesque a été réalisée non seulement en collaboration, mais même en association avec la Vierge”.
Don Bosco recommanda donc à ses salésiens de répandre la dévotion à la Vierge, sous le titre d’Auxiliatrice, partout où ils se trouvaient dans le monde. Mais Don Bosco n’a pas laissé la dévotion à Marie Auxiliatrice à la seule dévotion spontanée, il l’a stabilisée par une Association qui a pris son nom. Des témoins directs ont vu dans l’Association des Dévots de Marie Auxiliatrice, une des initiatives les plus chères à Don Bosco et de plus grande résonance, après celle des deux congrégations religieuses (Salésiens et Filles de Marie Auxiliatrice) et celle de l’Association des Coopérateurs.
En effet, “ce n’est pas Don Bosco qui a choisi Marie, c’est Marie qui, envoyée par son Fils, a pris l’initiative de choisir Don Bosco et de fonder à travers lui l’œuvre salésienne, qui est son œuvre, “son affaire”, pour toujours”[xvi] .
L’ancre
Le présentateur rappelle tout d’abord que le cardinal Ángel FERNÁNDEZ ARTIME SdB est le fils d’un pêcheur de la mer d’Espagne.
Il est donc bon de rappeler que “les armoiries salésiennes sont un condensé de stimuli essentiels pour qualifier tout vrai fils de Don Bosco”. Saint Jean Bosco a également voulu que les vertus théologales soient représentées dans l’écu : pour la Foi, l’étoile ; pour l’Espérance, l’ancre et pour la Charité, le cœur. On pourrait croire que l’indispensable présence de Marie Auxiliatrice, dont – disait Don Bosco – tout ce qui est salésien dérive, est absente des armoiries salésiennes. Mais le Fondateur lui-même, et tous les premiers confrères, ont toujours identifié dans les symboles de l’ancre, de l’étoile et du cœur, également la référence à Jésus et à sa Mère ; et c’est un autre aspect de la densité significative que les armoiries englobent”[xvii] .
En effet, la vie et les actions du salésien sont l’expression : de sa foi, l’étoile brillante ; de son espérance, la grande ancre ; et de sa charité pastorale, le cœur brûlant.
L’ancre, en héraldique, symbolise la constance[xviii] . “Instrument utilisé dans la navigation méditerranéenne, l’ancre était déjà considérée dans l’Antiquité comme un symbole du dieu de la mer. L’ancre promettait stabilité et sécurité et devint donc le symbole de la foi et de l’espoir. D’abord utilisée dans les images funéraires préchrétiennes comme indication professionnelle et comme marqueur des tombes de marins, en raison de sa forme en croix, elle est devenue dans le christianisme primitif un symbole déguisé de rédemption”[xix] .
Comme l’homme, le symbole est aussi ce qu’il a été pour être authentiquement ce qu’il sera.
Il faut donc faire mémoire et espoir de cette source très riche et inépuisable, dans laquelle il est encore possible de puiser pour notre aujourd’hui.
Giorgio ALDRIGHETTI
Blason et exégèse par l’héraldiste Giorgio Aldrighetti de Chioggia (Venise), membre ordinaire de l’Institut généalogique héraldique italien.
Miniatures de l’héraldiste Enzo Parrino de Monterotondo (Rome).
[i] Cloison héraldique constituée d’un écu divisé en trois parties, de deux émaux différents, obtenues par deux lignes courbes qui, partant du milieu de la face supérieure de l’écu, atteignent les milieux des deux volets latéraux de l’écu. (L. Caratti di Valfrei, Dictionnaire héraldique, Milan 1997, p. 50. entrée Cappato.
[ii] “Il s’agit d’une figure reproduite dans sa couleur naturelle (c’est-à-dire telle qu’elle apparaît dans la nature) et non d’un émail héraldique (Ibid., p. 18, entrée en naturel).
[iii] “Il s’agit de l’ensemble des différents ornements extérieurs d’un blason, placés au-dessus d’un écu. En l’occurrence, sur le monogramme). (Ibid., p : 203, cachet d’entrée).
[iv] “Ce sont les crampons de l’ancre” (La Caratti di Valfrei, Dictionnaire héraldique, cité, p. 211, crochets d’entrée).
[v] Chapeau de prélat, signe de dignité ecclésiastique, représenté avec une calotte hémisphérique et un bord rond et plat caractéristique du galero, une coiffure à large bord utilisée depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à une époque récente par les cardinaux et d’autres prélats. Il s’agit d’un ornement extérieur non liturgique de l’écu. Elle prend différentes couleurs et est ornée de cordons d’où pendent, des deux côtés, un ou plusieurs nœuds, généralement en forme de pyramide ; la dignité et le rôle du titulaire peuvent être déduits de leur nombre et des émaux de l’ensemble. (A. Cordero Lanza di Montezemolo-A. Pompili, Manuale di Araldica Ecclesiastica, cit. p. 116, entrée sur le chapeau de prélat).
[vi] Les cardinaux les plus éminents et les plus révérends de la Sainte Église romaine apposent leur écu – attaché à une croix astylaire d’or, trifoliée, placée dans une hampe, s’ils ont la consécration épiscopale – avec leur chapeau, des cordons et des glands de couleur rouge. Les arcs au nombre de trente sont disposés quinze de chaque côté, en cinq ordres de 1, 2, 3, 4, 5.
[vii] Jacques Le Goff, L’homme médiéval, Bari 1994, p. 34.
[viii] Catéchisme de l’Église catholique, Cité du Vatican 1999, p. 335.
[ix] A. Cordero Lanza di Montezemolo – A. Pompili, Manuale di Araldica Ecclesiastica, cit. p. 18.
[x] P. F. degli Uberti, Gli Stemmi Araldici dei Papi degli Anni Santi, Ed. Piemme, s. d
[xi] de L’Osservatore Romano, 31 mars 1969.
[xii] L’héraldiste Son Excellence Monseigneur Bruno Bernard Heim pour les armoiries patriarcales déclare : “Les patriarches ornent leur écu d’un chapeau vert d’où partent deux cordons, également verts, qui se terminent par quinze nœuds verts de chaque côté“. (B. B. Heim, L’héraldique de l’Église catholique, origines, usages, législation, Cité du Vatican 2000, p. 106).
[xiii] G. Crollalanza (di), Enciclopedia heraldico-cavalleresca, Pise 1886, pp. 516-517, entrée Rosso.
[xiv] L Caratti di Valfrei, Dictionnaire héraldique, Milan 1997, p. 18, entrée en naturel.
[xv] A. Cordero Lanza di Montezemolo – A. Pompili, Manuale di Araldica Ecclesiastica, cit. p. 28, entrée Al naturale.
[xvi] Coopérateurs de Dieu, Rome 1976-1977, Edizioni Cooperatori, p. 69
[xvii] G. Aldrighetti, Le bois et les roses. Nos armoiries. Bulletin salésien, décembre 2018.
[xviii] L Caratti di Valfrei, Dictionnaire héraldique, citée, p. 21, entrée Ancora.
[xix] H. Biedermann, Encyclopédie des symboles, Milan 1989, p.30, entrée Ancora.