🕙: 4 min.
image_pdfimage_print

Le Pape Montini a connu de près les Salésiens, les a appréciés, les a toujours encouragés et soutenus dans leur mission éducative.
D’autres papes avant lui, et après lui, ont donné de grandes marques d’affection à la Société salésienne. Nous en rappelons quelques-uns.


Les deux papes à l’origine et au développement de l’œuvre salésienne
Il y a eu deux papes avec lesquels Don Bosco a eu des relations directes. Tout d’abord le bienheureux Pie IX, le Pape qu’il a soutenu dans des moments tragiques pour l’Eglise, dont il a défendu l’autorité, les droits et le prestige, au point que ses adversaires l’appelaient « le Garibaldi du Vatican ». Il lui a rendu la pareille par de nombreuses audiences privées affectueuses, de nombreuses concessions et indulgences. Il l’a également soutenu financièrement. Sous son pontificat, la Société salésienne, ses constitutions, l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice (FMA), la Pieuse Union des Coopérateurs salésiens, l’Association des Dévots de Marie Auxiliatrice furent approuvés. Il se nomma lui-même protecteur de la Société.
Le Pape Léon XIII lui succéda et accepta à son tour d’être le premier Salésien Coopérateur, traita Don Bosco avec une cordialité inhabituelle et lui accorda les privilèges désormais indispensables au développement rapide et prodigieux de la Congrégation. Il érigea le premier vicariat apostolique confié aux salésiens, en nommant le premier évêque en la personne de Monseigneur Giovanni Cagliero en 1883. Lors de sa première audience avec Don Rua après la mort de Don Bosco, il fut généreux en conseils pour la consolidation de la Société salésienne.

Les deux (futurs) papes qui se sont assis à la table de Don Bosco
Saint Pie X, simple chanoine, rencontra Don Bosco à Turin en 1875, s’assit à sa table et fut inscrit parmi les Coopérateurs salésiens. Il en sortit très édifié. En tant qu’évêque et patriarche de Venise, il donna des preuves de sa bienveillance à l’égard de la Société salésienne. En 1907, il signa le décret introduisant le procès apostolique de Don Bosco et, en 1914, celui de saint Dominique Savio. En 1908, il nomma Monseigneur Cagliero délégué apostolique en Amérique centrale. Il fut le premier coopérateur salésien élevé à l’honneur des autels.
Pie XI, jeune prêtre en 1883, rendit également visite à Don Bosco à l’Oratoire et y resta deux jours. Il s’assit à la table de Don Bosco et en repartit plein de souvenirs profonds et agréables. Il n’épargna aucun moyen pour promouvoir rapidement le procès apostolique de Don Bosco, dont il voulait fixer la canonisation au moins à Pâques 1934, à la fin de l’Année Sainte. Grâce à lui, la cause de Dominique Savio surmonta des difficultés qui semblaient insurmontables : en 1933, il signa le décret d’héroïcité de ses vertus ; en 1936, il proclama l’héroïcité des vertus de sainte Marie Mazzarello, qu’il béatifia le 20 novembre 1938. D’autres signes de prédilection pour la Société salésienne furent l’octroi de l’indulgence du travail sanctifié (1922) et l’élévation à la pourpre du cardinal polonais Augustus Hlond (1927).

Le pape le plus salésien
Si Pie XI a été appelé à juste titre le « Pape de Don Bosco », le « Pape le plus salésien » pour la connaissance, l’estime et l’affection témoignées à la société salésienne – sans vouloir sous-estimer d’autres Papes antérieurs et postérieurs – a peut-être été le Pape Saint Paul VI. Le père Giorgio, journaliste, était un grand admirateur de Don Bosco (pas encore bienheureux), dont il conservait dans son bureau le tableau dédicacé, souvent admiré par le petit Jean-Baptiste. Pendant ses études à Turin, le jeune Montini avait hésité entre la vie bénédictine qu’il avait connue à San Bernardino di Chiari (qui devint ensuite une maison salésienne, comme c’est encore le cas aujourd’hui) et la vie salésienne. Quelques jours après son ordination sacerdotale (Brescia 29 mai 1920), il demanda à l’évêque, avant même de recevoir la destination pastorale, s’il pouvait la choisir. Dans ce cas, il aurait aimé aller avec Don Bosco. L’évêque décida plutôt de faire des études à Rome. Mais à un « salésien raté », Montini en ajouta un autre. Quelques années après cette entrevue, son cousin Luigi (1906-1963) lui fait part de son désir de devenir prêtre à son tour. Le futur pape, qui le connaissait bien, lui dit que pour un tempérament dynamique et tumultueux, la vie salésienne serait bonne et il prit conseil auprès du célèbre salésien don Cojazzi. Le conseil fut positif et, à l’annonce de la nouvelle, don Jean fut si heureux que son cousin prenne sa place qu’il l’accompagna lui-même à l’aspirat missionnaire salésien d’Ivrea. Il sera ensuite missionnaire pendant 17 ans en Chine, puis au Brésil jusqu’à sa mort. La salésianité de la famille Montini est complétée par la présence, pendant une dizaine d’années, dans la maison salésienne du Colle Don Bosco, d’un des frères d’Enrico, Luigi (1905-1973).
Il n’est pas nécessaire de dire combien Monseigneur Montini a été proche des Salésiens dans les diverses responsabilités qu’il a assumées : par exemple comme Substitut à la Secrétairerie d’Etat ou au tout début de l’après-guerre à Rome pour l’œuvre naissante du Borgo Don Bosco pour l’enfance malheureuse, comme Archevêque de Milan à la fin des années 50 pour la reprise de l’œuvre des barabitts (prison des mineurs) d’Arese, comme Pape en soutenant toute la Congrégation et la Famille salésienne, en érigeant entre autres l’Université Pontificale Salésienne et la Faculté Pontificale des Sciences de l’Education Auxilium des FMA. De son immense estime pour l’œuvre salésienne, missionnaire en particulier, il a parlé plusieurs fois en audience privée au Recteur Majeur, le Père Luigi Ricceri, et en audience publique. Célèbre est celle, très confidentielle, accordée aux capitulaires du Chapitre général 20, le 20 décembre 1971. Évidemment, dans de nombreuses interventions auprès des Salésiens, de Milan en particulier, il a démontré une profonde connaissance du charisme salésien et de ses potentialités.

P. Francesco MOTTO
Salésien de Don Bosco, expert de St Jean Bosco, auteur de plusieurs livres. Docteur en histoire et en théologie, conférencier invité à l'Université pontificale salésienne. Cofondateur et directeur pendant 20 ans de l'Institut historique salésien (ISS) et de la revue 'Recherches historiques salésiennes' (1992-2012), il est l'un des fondateurs de l'Association des chercheurs en histoire salésienne (ACSSA), dont il est actuellement le président (2015-2023). Il a été consultant auprès de la Congrégation pour les Causes des Saints (2009-2014).