Un célèbre bibliste avait invité un groupe de collègues chez lui. Ils s’assirent autour d’une table au milieu de laquelle trônait un magnifique vase de fleurs, et se mirent à discuter d’une page de la Bible. Ils discutaient avec animation, décortiquant chaque mot, émettant des hypothèses sur les racines anciennes, conjecturant, postulant, comparant, distillant, historicisant, démythifiant, psychologisant, féminisant…
Ils n’arrivaient à se mettre d’accord sur presque rien.
Soudain, l’hôte interrompit la discussion et se tourna vers l’un des invités qui était en train de prendre des fleurs dans le vase au milieu de la table et de les détruire systématiquement.
– Qu’est-ce que vous faites ?
– Je compte les verticilles, je divise les étamines et les pistils, je mets de côté les tiges et les filaments…
– Ce zèle scientifique est tout à votre honneur, mais elle gâche ainsi toute la beauté de ces belles fleurs !
L’homme sourit amèrement : « C’est exactement ce que vous faites ».
Rabbi Elimelekh avait prononcé un merveilleux sermon sur l’art de vivre. Pleins d’enthousiasme, les auditeurs l’accompagnèrent joyeusement tandis qu’il reprenait la calèche pour retourner dans son village.
À un moment donné, le rabbin fit arrêter la calèche et demanda au conducteur d’avancer sans lui pendant qu’il se mêlait aux gens.
– Quel exemple d’humilité ! dit l’un de ses disciples.
– L’humilité n’a rien à voir là-dedans, répondit Elimelekh. Ici, les gens marchent gaiement, chantent, boivent du vin, bavardent, se font de nouveaux amis, et tout cela grâce à un vieux rabbin venu parler de l’art de vivre. Je préfère donc laisser mes théories dans la calèche et profiter de la fête.
Les exégètes
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