🕙: 5 min.
image_pdfimage_print

Chers amis et amies, nous sommes au seuil d’une nouvelle année, 2024, année très spéciale parce que nous commémorons le bicentenaire du rêve des 9 ans de Don Bosco. Ce rêve était bien plus qu’un épisode charmant dans la vie d’un enfant de 9 ans, c’était comme une vision et une prémonition de ce qu’il allait faire au cours de sa vie.


62 ans plus tard, en célébrant sa première et dernière messe dans la basilique du Sacré-Cœur de Rome, consacrée deux jours plus tôt, Don Bosco fondit en larmes plus de 15 fois. Comme dans un film, il a vu se dérouler, en succession rapide, toutes les scènes de sa vie, réalisant qu’il avait toujours été guidé par la Divine Providence et en particulier conduit par la main de Celle qui est l’Auxiliatrice des chrétiens, au point de dire : “C’est Elle qui a tout fait”.

Cette nuit du Nouvel An 1862
Cette commémoration m’amène à penser à un Nouvel An significatif dans la vie de Don Bosco. Il s’agit du 1er janvier 1862.
Les Mémoires biographiques racontent que Don Bosco, malade jusqu’à la veille, annonça qu’il avait une nouvelle importante à annoncer à tous les habitants de l’Oratoire, grands et petits. “Il est impossible de décrire l’émotion causée par la promesse de Don Bosco, qui entre-temps agita tous les jeunes. Avec quelle impatience ils passèrent la nuit du 31 décembre au 1er janvier, et le jour suivant ! Avec quelle anxiété ils attendaient le soir pour entendre ce que le bon père leur dirait”, raconte Don Lemoyne. “Enfin, après les prières, les jeunes attendirent Don Bosco dans un profond silence. Celui-ci monta sur sa petite estrade et révéla le mystère en disant : « L’étrenne que je vous donne n’est pas la mienne. Que diriez-vous si la Madone elle-même venait en personne dire un mot à chacun d’entre vous ? Si elle avait préparé pour chacun d’entre vous un petit billet personnel pour lui montrer ce dont il a le plus besoin, ou ce qu’elle attend de lui ? Eh bien, c’est exactement ce qui se passe. La Sainte Vierge donne à chacun un cadeau ! Je vois que certains voudront savoir et demanderont : – Comment cela est-il arrivé ? La Madone a-t-elle écrit les billets ? Est-ce que c’est la Madone elle-même qui a parlé à Don Bosco ? Don Bosco est-il le secrétaire de la Madone ? Je réponds : – Je ne vous dirai rien de plus que ce que je vous ai dit. C’est moi qui ai écrit les billets, mais je ne peux pas dire comment cela s’est passé, et que personne ne prenne l’initiative de m’interroger, car cela me mettrait dans l’embarras. Que chacun se contente de savoir que le billet est venu de la Sainte Vierge. C’est une chose singulière ! J’ai demandé cette grâce pendant plusieurs années et je l’ai enfin obtenue. Que chacun de vous considère donc cet avis comme s’il sortait de la bouche de la Vierge Marie elle-même. Venez donc dans ma chambre et je vous donnerai à chacun son billet. » Don Bosco pouvait dire cela parce qu’il avait lui-même reçu de la Vierge, à l’âge de neuf ans, le message qui allait marquer tout le cours de sa vie.
À la suite des confidences de cette soirée, les salésiens commencèrent à passer dans la chambre de Don Bosco pour prendre leur billet. Beaucoup le révélèrent. Celui qui était destiné à Don Bonetti, qui rédigeait la chronique quotidienne, disait : “Augmente le nombre de mes fils“.  Le bon prêtre transcrivit cette recommandation dans sa chronique et ajouta : “En attendant, ma très douce Mère, vous qui m’avez donné de si chers conseils, donnez-moi les moyens de les mettre en pratique, et faites en sorte que j’augmente vraiment ce beau nombre de fils, mais que moi aussi, j’y sois inclus”.
Le billet de Don Rua disait : “Recours à moi avec confiance pour les besoins de ton âme”.
Le lendemain matin, les jeunes se pressaient à la porte de la chambre de Don Bosco pour recevoir leur billet. Je peux facilement imaginer comment Don Bosco a su toucher le cœur de chaque salésien et de chaque garçon de l’Oratoire, non pas avec une invention mais avec la conviction profonde de ce que la Vierge voulait pour chacun d’eux. En même temps, tout se fit la manière de Don Bosco, qui a toujours été un vrai maître et un vrai génie : je veux parler de l’art de la rencontre personnelle, du dialogue, du regard qui va au plus profond du cœur.
En lisant cela, je me suis demandé si cela ne pouvait pas nous arriver à nous aussi. Nous avons envoyé des billets et cartes de vœux à de nombreuses personnes. Si la Sainte Vierge avait envoyé un billet de vœux à la Congrégation salésienne et à chacun de nous, à la belle et grande Famille salésienne, à la famille de Don Bosco, qu’aurait-elle écrit ?

Marcher comme Don Bosco
Il est beau de l’imaginer. Je vous assure que dans mon imagination il y a tant de belles choses que la Sainte Vierge pourrait nous demander personnellement et en tant que famille de Don Bosco, née pour accompagner les garçons et les filles du monde – surtout les plus pauvres et les plus nécessiteux – dans leur processus de croissance, de maturation, de transformation…
Le mystère de la nouvelle année, qui développe au fond le mystère de Noël, nous dit : “Tu n’es pas conditionné par ton passé. Tu peux prendre un nouveau départ aujourd’hui, parce qu’il y a quelque chose de nouveau en toi. Prends dans tes bras le divin Enfant, qui te met en contact avec toute la nouveauté disponible, authentique et intacte, dans ton âme. Recommence avec les petits, les jeunes. Fais confiance à la nouveauté en toi ! Chaque jour est ton premier jour”.
Peut-être suffirait-il de faire nôtres les paroles que Marie dit à Jean Bosco dans son rêve : “Voici ton champ, voici où tu dois travailler. Rends-toi humble, fort et robuste”. Peut-être attendrait-on un conseil plus “spirituel”, mais seul celui qui est humble sait être aimable parce qu’il sait se réjouir de la présence des autres. L’humilité est la porte de l’amour envers les petits, les démunis, les blessés de la vie.
Seul ce qui est solide et fort peut marcher derrière Jésus aujourd’hui, malgré tout. Car nous voulons voir les prisonniers libres, les opprimés ne plus être opprimés, et voir en quel message les pauvres peuvent encore croire aujourd’hui.
C’est écouter la voix du buisson ardent qui jamais ne se consumera : “Je briserai tes chaînes et je te ferai marcher la tête haute”. Marie veut que les Salésiens, et toute la Famille, la belle famille de Don Bosco de tous les temps, marchent comme Don Bosco. Et pour cela, la meilleure garantie sera toujours d’avoir Marie comme Maîtresse et mieux encore comme Mère. Une vraie grâce pour notre famille.
C’est ainsi qu’ont parlé les Recteurs Majeurs tout au long de notre histoire. C’est ainsi qu’a parlé mon prédécesseur, Don Ziggiotti, quand il écrivait : “Je te donnerai la Maîtresse, sous la discipline duquel tu peux devenir sage, et sans laquelle toute sagesse devient folie” est la parole fatidique du premier rêve, prononcée par le mystérieux personnage, “le Fils de Celle que ta mère t’a enseigné à saluer trois fois par jour”. C’est donc Jésus qui donne à Don Bosco sa Mère comme Maîtresse et guide infaillible sur le dur chemin de toute sa vie. Comment ne pas être reconnaissants pour ce don extraordinaire du Ciel à notre famille ?
Je vous souhaite une bonne année 2024 avec mes meilleurs vœux pour chacun d’entre vous et pour vos familles. Qu’elle soit une belle année pour nous tous et une année de paix pour notre humanité tellement souffrante.

Ángel Card. FERNÁNDEZ ARTIME
Recteur Majeur des Salésiens de Don Bosco